La notion du minimalisme en chaussures a gagné beaucoup de terrain et il me semble qu’on a commencé à utilisé ce mot à tort et à travers, comme c’est souvent le cas avec une notion dans le vent. Je vais vous donner ma définition, mais faut que je fasse gaffe de rester minimaliste dans mon explication sur le minimalisme. Si je remplis 3 pages, ça ne va pas le faire…
En deux mots (littéralement), ma définition de chaussures minimalistes se résume ainsi: interface neutre.
Huh?
Explications:
Vous conviendrez que la chaussure la plus minimaliste est celle qui n’est pas, n’est-ce pas? C’est le barefoot ou (en français) le pieds-nus.
Ceux qui souhaitent avoir une interface entre le pied et le sol porteront donc des chaussures.
Cet interface va dans une petite ou grande mesure modifier le comportement du pied et du corps, les chaussures suivantes changent votre façon de marcher: tongs, espadrilles, escarpins, rangers, moon boots, baskets, chaussures de ski,….
Ces différentes interfaces, dont certaines spécifiques à une activité donnée, comme les chaussures de ski évidemment, vont changer notre posture et le fonctionnement biomécanique de notre corps, de nos articulations et des muscles associés.
La vraie course au minimalisme va donc se résumer à trouver l’interface qui protège le pied du sol (contre les saletés et d’éventuels dangers qui guettent), tout en modifiant le moins possible le comportement de notre corps.
On cherche donc la chaussure qui aura une action ou une influence neutre sur notre corps – qui sera donc une interface neutre.
Quels éléments jouent sur cette neutralité?
1/ Le zero-drop, ou autrement dit, la semelle plate.
Quand vous êtes debout, pieds à plat sur une surface horizontale, votre corps forme un angle droit avec le sol. Votre dos prend sa courbure naturelle, en S, et les vertèbres de votre dos sont au mieux alignés.
Posez maintenant une cale de 2cm sous votre talon. L’angle entre votre pied et votre corps a changé. Si vous essayez de le maintenir à 90°, vous êtes obligé de vous pencher en avant, ce qui est impossible, sans tomber. Vous allez donc compenser en donnant une courbure supplémentaire à votre dos. l’alignement des vertèbres n’est plus la même.
2/ La semelle fine
Nous avons de milliers de récepteurs ou capteurs nerveux sous la plante de pieds (pensez réflexologie chinoise), qui nous renseignent sur notre station debout et nos mouvements dans l’espace. Ils nous aident dans notre équilibre et la coordination de nos mouvements.
Donner le plus possible un libre accès de ces capteurs au sol permettra une meilleure transmission des informations à notre cerveau. Logique.
3/ Un pied et une cheville libre de mouvements
Pour solidariser les os d’un bras cassé, on posera un plâtre. Le bras est immobilisé pendant le temps nécessaire. Inconvénient: les muscles ne sont plus utilisés et il y a une atrophie (ou fonte) musculaire. Il faudra donc, une fois le plâtre enlevé, faire de la rééducation pour retrouver une tonicité musculaire.
Mettez tous les jours les pieds dans des chaussures qui « tiennent bien le pieds, ça les protègera! » et vous aurez à peu près le même résultat. A force de « protéger » la cheville, elle s’affaiblit….
Ce qu’il faut, est donc une chaussure qui laisse le pied le plus possible libre de ses mouvements et qui permet également à l’ensemble pieds-jambes de se renforcer.
4/ Le libre fonctionnement des orteils
Les orteils ont grosso-modo 3 fonctions:
a/ stabiliser le corps
b/ donner du grip (de l’accroche)
c/ aider à la propulsion
Regardez une chaussure avec une semelle épaisse et vous verrez que la partie avant remonte. C’est fait pour aider le pied à rouler. On pose la chaussure sur le talon et on déroule la chaussure.
Mais le pied l’a pas été fait pour rouler…
Pour être minimaliste, il faut que la chaussure laisse le plus possible les orteils mouvoir librement et de façon à permettre les 3 fonctionne décrites ci-dessus.
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé cette publication, et je me permettrais juste une petite remarque, concernant le rôle des orteils et leur fonction dans le cas de la course minimaliste…
Si l'on prend la course pieds nus comme référence (celle que je pratique personnellement), on se rend compte que dans la foulée mid-foot, les appuis se font sur le médio-pied et que les orteils sont quasi sans rôle actif… Il vaut mieux d'ailleurs, c'est justement l'un des écueils chez les débutants : cette "griffe" du sol, observée dans un premier temps quand on abandonne les chaussures, est à l'origine… des ampoules d'orteils, bénignes mais très douloureuses !!…
Leur rôle est tout aussi discret dans la "propulsion" qui, en minimalisme, est en fait plutôt un effet "ressort" des muscles des membres inférieurs (que l'on ressent tout particulièrement, également, dans la phase de transition minimaliste) !
Encore bravo en tous cas pour cette information "en deux mots" !.. Elle est très utile !!..
Daniel Dubois
(co-auteur de "Barefoot & Minimalisme – Courir Naturel", édiions Amphora)
Excellent article, merci !
excellent article j apprends beaucoup
merci
Merci beaucoup 🙂
Lorsque vous dites "Nous avons de milliers de récepteurs ou capteurs nerveux sous la plante de pieds (pensez réflexologie chinoise) …. Donner le plus possible un libre accès de ces capteurs au sol permettra une meilleure transmission des informations à notre cerveau. Logique"
Cela est vrai pour des cas précis comme le fait de marcher sur un fil ou seul une partie du pied est en contact … et des chaussures brouillerait l'information concernant la surface réelle.
En ce qui concerne la course ou tout le pied est en contact, cela ne fait que peu de différence.